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Bafouille from nowhere
28 août 2008

Bling Bling Connexion

Depuis un certain temps on nous a beaucoup parlé de la vie privée de notre Président. D’aucun penseront que cette sur-exposition médiatique qu’elle soit initiée par le principal intéressé ou qu’elle se fasse à son corps défendant n’apporte rien au débat politique ou, ce qui est plus dommageable pour le principe démocratique, ne sert que d’écran de fumée pour cacher la nullité incommensurable de la politique du gouvernement. A la décharge de la presse people il faut souligner que la France n’est pas habituée à voir à sa tête une personnalité aussi tape à l’œil. Force est de constater que notre cher Président ne nous a rien épargné : les Ray-ban de pilote, la Rolex plus encombrante que les menottes qui servent à raccompagner les sans papiers à la frontière, les SMS pendant l’audience pontificale, le T-shirt NYPD, le top modèle, en gros il ne manque que la BM et le piment au bout de la chaîne en or avec la moquette de poils dessous. Comment résister à un président qui ressemble plus à un des personnages de « La vérité si je mens ! » ou des « Sopranos » qu’à un Président de la Vème République.

L’homme de raison doit se dire « On ne juge pas un livre à sa couverture » et ce brave gars a bien raison (le contraire eût été étonnant !). Cependant si nous allons aux delà des apparences c’est-à-dire si nous analysons le phénomène Sarkozy dans ce qu’il a de signifiant nous sommes obligés d’arriver à des conclusions qui n’incite pas l’amateur d’idées politiques à aller passer la nuit aux « Bains douches ». Prenons par exemple la bringue organisée après l’élection. Rappelons les faits pour tous ceux qui seraient en panne de télévision depuis plusieurs mois ou qui auraient été récemment kidnappés par des extra-terrestres. Le résultat du deuxième tour vient de tomber, Nicolas, comme aiment à l’appeler affectueusement les médias, est notre nouveau président. Que fait un Président nouvellement élu ? Jusqu’à présent il courait, avec plus ou moins d’enthousiasme j’imagine, retrouver ses militants et les cadres de son parti pour les remercier de leur soutien et de leur travail. Il disait deux ou trois mots bien sentis sur le fait que la victoire n’était pas la sienne mais la leur, qu’il sera le président de tous les Français, et patati et patata, on buvait un coup de champagne puis on sortait dans Paris pour se faire voir des électeurs en liesse et puis après ce qui arrivé restait du domaine de l’intime, une camomille et au lit, petit dîner entre amis ou partie fine avec des call girls, allez savoir !. Nicolas n’a pas suivit ce schéma à la lettre. Il est allé voir ses amis réunis au restaurant ultra chic le Fouquet’s puis est allé voir les militants salle Gaveau, est retourné au Fouquet’s et enfin il s’est rendu place de la Concorde pour parler à la foule. Pas de quoi fouetter un chat. Les polémistes qui s’offusquent du peu d’empressement du Président à aller communier avec le foule devraient plutôt se dire que notre Président a des amis qu’il aime beaucoup et que l’amitié c’est important. Alors bien sûr parmi ces importuns certains ont perfidement fait remarquer que parmi les amis de Nicolas se trouvaient beaucoup de patrons et que la vitesse supersonique avec laquelle il est allé les retrouver au Fouquet’s tenait plus du « garde à vous.. A vos ordre, mon général… » que du « Youpi… j’ai gagné les copains… ». Un des frères de Nicolas était vice-président du MEDEF, l’autre est vice-président du conseil de surveillance d’un groupe pharmaceutique. Ils espéraient quoi, nos polémistes ? Que Sarkozy aille chercher ses amis au bar-tabac « le Balto » parmi les habitués, collés au zinc depuis des siècles, la casquette visée sur la tête, la gauldo au coin des lèvres (ah! Non ! Ça Ils ont plus droit) et le petit blanc bien frais dès 8h du mat ? Nicolas Sarkozy, avocat, ancien maire de Neuilly, plusieurs fois ministre a des amis dans la finance et l’industrie… ça j’aurai jamais cru !

Pourtant il est très intéressant de consulter la liste des invités de cette soirée au Fouquet’s (cette liste a été publiée dans le livre de deux journalistes Chemin et Perrignon « La nuit au Fouquet’s ». Vous la trouverez très facilement sur internet). Très peu de membres de sa famille : sa mère et ses deux frères. Les politiques sont rares : un ancien premier ministre (Rafarin), un futur premier ministre (Fillon), quelques proches qui auront des fonctions dans le futur gouvernement et les Balkanis (les personnages politiques les plus honnêtes du monde juste après Amin dada, Maurice Arreckx et les époux Tibéri). On peut constater qu’aucun cadre de l’UMP n’est présent. Nicolas ne devrait-il sa victoire qu’à lui-même ? Du côté des journalistes - éditorialistes si nous n’avons pas la quantité nous avons la qualité puisque avec Alain Minc (dont la pensée peut se résumer à « la loi du marché c’est la loi de la gravitation universelle »), Nicolas Beytout et Nicolas Baverez s’exprime la quintessence du dogmatisme ultra-libéral. Je ne peut résister au plaisir de vous citer une des petites merveilles très XIXème siècle à propos des 35 heures de N. Baverez : «Le temps libre, c’est le versant catastrophe sociale. Car autant il est apprécié pour aller dans le Luberon, autant, pour les couches les plus modestes, le temps libre, c’est l’alcoolisme, le développement de la violence, la délinquance, des faits malheureusement prouvés par des études». Salauds de pauvres ! Reste les autres, ceux qui n’ont rien à voir avec le boulot, ceux qui sont là parce que Nicolas les admire, les apprécie.

On pourrait s’attendre à rencontrer les noms de quelques philosophes, quelques prix Nobel de littérature, quelques chanteuses d’opéra, quelques scientifiques de haut vol, quelques universitaires, quelques sociétaires de la Comédie Française et un raton laveur. Et on tombe sur Arthur, Marie-Anne Chazel, Christian Clavier, Johnny Hallyday et Madame, Jean Reno, Basile Boli, Denis Charvet, Pascal Gentil, Bernard Laporte, Richard Virenque (celui-là je me marre à chaque fois que je relis son nom dans la liste). Finalement je retire les propos tenus il y a quelques instants : Nicolas Sarkozy a été chercher ses amis au bar-tabac « le Balto ». Bien sûr c’est un bar-tabac un peu clinquant, au luxe mal assumé, au faux bon goût, à la réussite trop affichée mais où l’on y raconte autant de conneries accoudé au comptoir que partout ailleurs. Ce que nous apprend le choix de Nicolas Sarkozy c’est que son goût naturel ne le porte pas vers la culture « classique », son goût naturel le porte vers une culture populaire médiocre certes légitime parce que divertissante mais inopérante lorsqu’il s’agit d’élever l’esprit, de raffiner l’être humain. Je crois que Nicolas Sarkozy est inculte et que ça ne le dérange pas. Le moteur de Sarko n’est pas une curiosité exceptionnelle ou une volonté inaltérable de s’améliorer, son moteur est une ambition infinie. Ses capacités sont au service de cette ambition. Il n’a appris que ce qu’il devait apprendre pour réussir là où il devait réussir, rien de plus, rien de moins. Il est avocat et un avocat est uniquement un technicien du droit. L’avocat humaniste des XVIIIème et XIXème siècles, pétri de philosophie du droit et de latin, est un personnage de livre d’histoire. Étudiant il a, pendant que déjà dans les locaux du RPR ses longues dents rayaient les parquets, fait ce qu’il avait à faire pour passer sans brio particulier les examens que ses ambitions le poussaient à avoir. En dehors de la politique politicienne rien ne l’intéresse. Aucune curiosité ne l’a jamais incité à enrichir sa personnalité, seule l’ambition l’encourageait à se dépasser pour atteindre les sommets. Aussi il n’est pas étonnant, pour un tel homme, que la réussite de ses projets doive être proclamée de façon ostentatoire tel l’alpiniste plantant son drapeau au sommet de l’Everest (à la différence près que pour Sarko le drapeau doit être visible par le monde entier). La pauvreté de ses goûts alliée à cette soif de reconnaissance lui donne ce genre « m’as-tu-vu », ce bling-bling affiché surprenant pour les Français plus habitués au luxe discret des élites cultivées. Cette attitude il la partage avec nombre de ses amis. Christian Clavier est pratiquement son double, mêmes vêtements, même Rolex, même assurance agressive de parvenu. Clavier a fini par ressembler aux personnages qu’il incarnait dans « Les bronzés » ou « Je vais craquer » celui du petit bourgeois voulant péter plus haut que son cul.

Les femmes aussi sont symptomatiques du complexe Sarko. Il fréquente un mannequin comme certains de ses potes (Reno, Arthur, Virenque). J’aurais du écrire qu’il fréquente ENFIN un mannequin parce que sa carrière sentimentale suit sa carrière politique. Lorsqu’il était un jeune loup du RPR et qu’il lorgnait la mairie de Neuilly, il épousât une jolie petite bourgeoise du 16ème, pas extraordinaire mais mignonne avec son petit rang de perle obligatoire et son carré de soie indispensable. En prenant du galon il a échangé sa petite bourgeoise pour une grande bourgeoise plus élancée, plus belle, plus classe, plus adaptée à l’exposition de son nouveau statu. Enfin arrivé au sommet, comme un drapeau éclatant qui nous agite sous le nez, il exhibe un top model international. 

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Lorsque je vois cette bonne vielle tête de puceau posant avec son premier trophée je pense toujours à une anecdote qui m’est arrivée à la fac de droit. Certains d’entre vous savent, pour en avoir fait partie, que nous formions une bande d’étudiants pas très préoccupés par les études mais qui cahin-caha parvenaient, sans fournir d’efforts démesurés, à progresser dans le cursus. La vie était trop courte et trop belle pour s’encombrer des principes généraux du droit ou de la double mobilisation en droit cambiaire. On sortait, on draguait, on baisait, on bouquinait, on allait au ciné, au restau, au concert, on riait, on profitait de nos vingt ans (un peu trop peu être...). En un mot nous cultivions notre coolitude. Un soir, pendant une bringue, alors que sur la piste de danse se lâche une bande de morceaux de fous entourés de demoiselles à la vertu extensible (merci mon Dieu!), je me trouve à proximité de deux étudiants modèles, pantalons à pinces, chemisette et gilet Lacoste, pas un pli, pas un pan qui sort de la ceinture et avec cette même tête que Sarko jeune. Ils regardent avec beaucoup d’intérêt la folle farandole des excités de la bistouque et soudain l’un d’eux dit à l’autre : « Regarde ces abrutis... Tu verras quand on sera avocats nous aussi on les niquera toutes... » . Il avait raison ! Ou étions nous lorsque le jeune Sarkozy se faisait la même réflexion, lorsqu’il se disait qu’il allait montrer à tous ces abrutis de quoi il serait capable. Nous jouissions et nous avions raison. Seulement les épicuriens et les hédonistes ne sont pas des ambitieux et les ambitieux sont plus efficaces que les jouisseurs.

Dernière réflexion : Dans les milieux favorisés les enfants souvent optent pour une carrière en adéquation avec les intérêts ou les goûts où même une certaine vision du monde de leurs parents. Pour nos Présidents par exemple : Giscard est un technocrate avec des velléités d’écrivain sa fille est devenu éditrice c’est-à-dire qu’elle allie à la fois l’aspect administratif et littéraire de son père ; Mitterrand se piquait de belles lettres et de culture, sa fille est devenue écrivain ; Chirac est nul pratiquement pour tout mais, aux dires même de ces ennemis, il est un homme de contact génial, sa fille est dans la communication. Le fils de Nicolas Sarkozy est producteur de rap sous le nom de Mosey. Quel rapport avec le Président ? Vous avez déjà vu un clip de rap ? Grosses voitures, montres voyantes, fringues de marques, bombes sexuelles, le rap est un univers où l’ostentation est portée au rang de style de vie. On a tout dit. Non ?!

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